Patrimoine | Le 13 décembre 2025, par Sambuc éditeur. Temps de lecture : six minutes.
littérature & sciences humaines
Patrimoine | Le 13 décembre 2025, par Sambuc éditeur. Temps de lecture : six minutes.
Archéologie sous-marine bretonne
Des structures monumentales vieilles de 7000 ans ont été découvertes par 9 mètres de fond au large de l’île de Sein. Cette trouvaille exceptionnelle révèle les capacités techniques insoupçonnées des sociétés littorales du Mésolithique.
Des structures monumentales construites il y a environ 7000 ans viennent d’être identifiées au large de l’île de Sein, dans le Finistère. Cette découverte majeure, publiée dans l’International Journal of Nautical Archaeology, comprend onze constructions en granit dont la plus imposante mesure 120 mètres de long sur 21 mètres de large à sa base. Immergées sous 9 mètres d’eau, ces vestiges témoignent d’une période où le niveau de la mer était considérablement plus bas qu’aujourd’hui.
L’histoire de cette trouvaille débute en 2017 lorsque Yves Fouquet, géologue retraité de l’Ifremer et natif de l’île de Sein, repère des anomalies sur des cartes bathymétriques réalisées grâce à la technologie Lidar. Ce système de télédétection par laser permet de cartographier les fonds marins depuis les airs avec une précision remarquable. Sceptique dans un premier temps, le chercheur envisage d’abord qu’il s’agisse d’erreurs de mesure. Ce n’est qu’après avoir sollicité des plongeurs de la Société d’archéologie et de mémoire maritime qu’il obtient confirmation : les structures sont bien réelles. Entre 2022 et 2024, une soixantaine de plongées permettent d’étudier ces vestiges exceptionnels.
La datation situe ces constructions entre 5800 et 5300 ans avant notre ère, soit durant le Mésolithique final. Leur fonction exacte demeure sujette à hypothèses ; les chercheurs évoquent plusieurs pistes dont celle de pièges à poissons établis sur l’estran, de digues destinées à contenir la montée des eaux, ou même de dispositifs de chasse. Yvan Pailler, professeur d’archéologie à l’Université de Bretagne occidentale et coauteur de l’étude, souligne l’importance de cette découverte pour la compréhension de l’organisation des sociétés côtières préhistoriques.
L’un des aspects les plus remarquables réside dans l’état de conservation de ces édifices. Malgré leur exposition à un environnement maritime particulièrement hostile, soumis aux tempêtes, aux vagues et aux courants puissants, les structures ont résisté au temps. Cette préservation inattendue offre une opportunité rare d’étudier des vestiges habituellement détruits par l’érosion marine.
Les implications scientifiques de cette trouvaille sont considérables. Les auteurs de l’article précisent que les structures les plus importantes n’ont aucun équivalent connu en France pour cette période chronologique. L’édification de tels ouvrages nécessitait une maîtrise technique avancée et une organisation sociale développée, capables de mobiliser les ressources nécessaires pour extraire, transporter et assembler des blocs de granit pesant plusieurs tonnes. Ces compétences préfigurent celles déployées ultérieurement pour ériger les célèbres mégalithes bretons, dont dolmens et menhirs, tels que les alignements de Carnac érigés vers 4500 avant notre ère, soit plusieurs siècles après les constructions de Sein. Cette antériorité suggère que le savoir-faire technique des populations littorales bretonnes était déjà hautement sophistiqué bien avant l’émergence des grands sites mégalithiques.
Sambuc éditeur
Mésolithique, archéologie sous-marine, Lidar, bathymétrie, mégalithes bretons, alignements de Carnac, île de Sein, Ifremer
Entités nommées fréquentes : Sein.


Arts | Le 5 décembre 2025, par Raphaël Deuff.
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