Technologie | Le 14 juin 2025, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : onze minutes.
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Technologie | Le 14 juin 2025, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : onze minutes.
Carnets de salon 2025 : les technologies du territoire
La neuvième édition de VivaTech, l’événement technologique et des startups le plus important d’Europe, s’est tenu à Paris du 11 au 14 juin 2025. L’Institut national de l’information géographique et forestière y présentait ses dernières avancées technologiques, alliant photographie haute définition, lidar 3D et intelligence artificielle pour une cartographie du territoire français sans précédent. Ce premier « carnet de salon » VivaTech 2025 vous présente le futur de la compréhension et de la gestion du territoire national.
L’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) a présenté lors du salon VivaTech 2025, qui s’est tenu du 12 au 14 juin à Paris, ses innovations et grands projets en matière de modélisation spatiale du territoire français. L’établissement national, reconnu comme « l’expert public en matière de données descriptives du territoire », déploie des technologies de pointe et des moyens nouveaux pour cartographier et analyser l’évolution de l’espace national. Matthieu Porte, coordinateur des activités IA au sein de l’IGN, nous a donné quelques précisions sur les évolutions en cours chez l’institut de géographie français.
Parmi les innovations dans la cartographie du territoire national, la technologie lidar est employée depuis maintenant 5 ans pour offrir une modélisation tridimensionnelle précise du relief. Déployée sur l’ensemble du territoire national (hors Guyane), la cartographie au lidar devrait être achevée à la fin de cette année. Elle remplacera l’approche en stéréoscopie, ou photogrammétrie, utilisée jusque là : s’appuyant sur des clichés d’un même terrain depuis plusieurs points de vue (stéréo-orthophotographies), cette méthode permettait d’obtenir le relief grossier d’une zone d’une façon similaire à la vision humaine. Or, disposer du relief d’un territoire s’avère particulièrement utile pour « prévoir et parer les risques de crue sur un relief aux abords de cours d’eau », ou encore évaluer les risques d’incendies de forêt en analysant la densité d’un couvert forestier. En bombardant le sol lors d’un survol en avion, le lidar offre une cartographie 3D de haute résolution, sous la forme d’un nuage de points.
Parmi les dispositifs plus classiques de l’IGN, on trouve aussi la photographie très haute définition couvrant l’intégralité du territoire français, renouvelé en moyenne tous les trois ans. Cette approche, qui offre une modélisation spatiale pour des applications de gestion sur le temps long (comme la visualisation des évolutions du territoire sur plusieurs décennies, la « machine à remonter le temps » de l’IGN), s’enrichit désormais de vues satellitaires plus rapprochées, issues de la constellation européenne Copernicus. Ces prises de vues, collectées à intervalles de 2 à 5 jours selon les conditions météorologiques, permettent de suivre les évolutions cycliques, comme « la pousse des végétaux dans une zone forestière », et d’autres phénomènes saisonniers.
Les photographies, comme les captures lidar, font ensuite l’objet d’une classification, aujourd’hui automatisée par des modèles d’intelligence artificielle, pour identifier les différentes typologies d’occupation du sol : habitations, végétaux, infrastructures...
L’IGN innove également dans l’exploitation de données textuelles pour enrichir sa modélisation cartographique. Des équipes spécialisées collectent des informations communales sur les activités des territoires, comme projets d’aménagement, les chantiers en cours ou les événements ponctuels. Cette approche tend vers une automatisation croissante grâce à la fouille de textes et à une veille automatisée.
L’institut a par ailleurs lancé le projet Datalliance, un réseau ambitieux destiné à développer l’usage de données souveraines « à la confluence des secteurs public et privé », illustrant la volonté de l’IGN de créer des ponts entre recherche publique et applications commerciales dans le domaine de la géomatique.
L’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) se positionne comme un acteur majeur de la transformation numérique du territoire français à travers plusieurs projets d’envergure, comme la cartographie 3D par lidar haute définition, ou le développement d’un jumeau numérique de la France.
Le projet LiDAR HD, totalisant 7000 heures de vol et un budget de 60 millions d’euros, doit s’achèver fin 2025. Il a pour objectif de créer une cartographie 3D exhaustive du territoire métropolitain et d’outre-mer (hors Guyane), permettant une connaissance fine du sol et du sursol (végétation, bâtiments et ouvrages d’art), même sous couvert végétal, ainsi que du chevelu hydrographique. Les données collectées, « homogènes, riches et fiables » sur l’ensemble du territoire visé, sont mises à disposition en accès ouvert et libre (open data), conformément à la politique de l’IGN depuis 2021. Les principales applications de ces données concernent la prévention des risques d’inondation, en modélisant les reliefs des vallées et l’« évolution topographiques des vallées touchées par les intempéries », et la connaissance des ressources forestières, permettant un enregistrement précis des peuplements, l’amélioration de la desserte, le suivi des défrichements et replantations, le suivi sanitaire et la gestion des risques.
Parallèlement, l’IGN collabore avec le Cerema et l’Inria pour le développement d’un jumeau numérique de la France. Cette réplique virtuelle du pays a pour vocation d’« anticiper des décisions complexes en matière d’adaptation ou d’aménagement » du territoire. Ce jumeau numérique multithématique, s’adressant aux décideurs publics et aux acteurs privés sectoriels, permet des analyses systémiques et multifactorielles grâce à un modèle numérique complet. Il vise à s’articuler avec les autres jumeaux numériques existants (thématiques, territoriaux, des secteurs public comme privé) et prépare le développement de solutions nouvelles de modélisation, visualisation et simulation impliquant l’intelligence artificielle. Un « socle technique urbanisé » (normé et partageable) constitue la base de ce projet. Un appel à communs, lancé en mai 2024, a déjà réuni 200 collectivités, administrations, laboratoires et entreprises. Parmi les thématiques prioritaires figurent le déploiement des énergies renouvelables, la gestion des risques de catastrophes naturelles, l’aménagement urbain et l’adaptation des ressources naturelles (paysages et forêts) au changement climatique.
Ces initiatives s’inscrivent dans une démarche plus large de l’IGN en faveur des données ouvertes, de la République numérique et de la stratégie des géocommuns. Depuis 2021, la majeure partie des données géographiques produites par l’IGN est partagée sous licence ouverte Etalab 2.0, favorisant ainsi leur réutilisation dans des domaines variés tels que l’urbanisme, l’environnement et les transports. Des projets innovants, comme les modèles d’intelligence artificielle FLAIR (sur l’occupation des sols) ou PureForest (sur la répartition des essences forestières d’arbres), sont entraînés grâce aux riches jeux de données de l’IGN, disponibles sur geoservice.ign.fr. L’IGN porte également d’autres projets d’infrastructures et de plateformes numériques, à l’instar de cartes.gouv.fr, iTowns et Road2.
Paris a accueilli cette semaine la neuvième édition de VivaTech, le plus grand événement européen dédié aux startups et à la technologie. Du 11 au 14 juin 2025, le salon ouvrait ses espaces au sein du parc des expositions de la Porte de Versailles, réunissant une foule de 165 000 participants, 13 500 startups, 3500 exposants et 3200 investisseurs.
VivaTech se positionne comme un « catalyseur de l’innovation », visant à connecter les jeunes entreprises innovantes (startups), les leaders technologiques, les grandes entreprises et les investisseurs.
L’édition 2025 a mis l’accent sur « l’exploration de nouvelles frontières », qu’elles soient technologiques, commerciales, géographiques ou managériales. Parmi les thèmes centraux abordés, on retrouvait au premier chef l’intelligence artificielle et la cybersécurité, ainsi que les premiers pas de l’informatique quantique, déjà portée par plusieurs acteurs importants. La durabilité, le climat et la mobilité étaient également au cœur des discussions, avec une aile consacrée, aux côtés de sujets sensibles comme la santé ou « la longévité ».
Raphaël Deuff
IGN, lidar, jumeau numérique, cartographie, données géographiques, Copernicus, VivaTech, géocommuns, modélisation territoriale, intelligence artificielle
Entités nommées fréquentes : VivaTech, IGN, Institut.
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