Techniques et métiers | Le 28 janvier 2023, par Sambuc éditeur. Temps de lecture : huit minutes.
littérature & sciences humaines
Techniques et métiers | Le 28 janvier 2023, par Sambuc éditeur. Temps de lecture : huit minutes.
Manufacturier français, xviiie siècle
Manufacturier à Amiens, Alexandre Bonvalet (1717-1795) inventa en 1756 une nouvelle machine à imprimer les tissus, conçue sur le modèle de la machine à gaufrer et qui, imprimant au moyen de rouleaux, donnait une impression régulière et continue des motifs.
Les « indiennes », qui se développent au cours du xviie siècle, sont des tissus imprimés inventés à l’imitation des étoffes indiennes à motifs. Interdits en France entre 1686 et 1759 pour limiter la concurrence avec les métiers traditionnels du textile, ces tissus imprimés connaissent toutefois un développement dans certaines villes (en particulier Bolbec, Montpellier et Beauvais), sous le régime de dérogations accordées à des industriels. Les étoffes sont alors imprimées sur des presses à plat, avec des planches gravées, soit en taille d’épargne, soit en taille-douce et à chaud (procédé anglais).
Le procédé développé par Bonvalet consiste à presser à chaud les tissus à l’aide de planches de cuivres gravées en taille-douce, montées sur les rouleaux de presse, et enduites d’une pâte destinée à l’impression. Il suppose un certain nombre d’étapes de préparation du tissu à imprimer, de la même manière que pour le gaufrage à chaud (mise en barque, dégraissage, teinte, séchage, tonte).
ca. 1640. — Introduction à Marseille, par des marchands arméniens, des techniques indiennes d’impression sur tissu à l’aide de mordants métalliques. Ce sont les débuts de ce qui deviendra une industrie européenne.
1648. — Création du premier atelier français d’impression de textiles, à Marseille.
1686. — Le succès de ces nouveaux imprimeurs de tissus « à l’indienne » les met en concurrence avec les artisans de la laine et de la soie, en particulier lyonnais. Pour protéger ces activités très bien implantées et importantes pour les exportations françaises, le Conseil d’État ordonne, le 26 octobre 1686, l’interdiction d’importation, de fabrication et d’usage des toiles imprimées ou peintes. C’est le début de sept décennies de prohibition des indiennes en France, qui connaîtra toutefois un certain nombre d’exceptions.
1717. — Naissance, à Moliens (Oise), de Jacques-Alexandre Bonvalet (ou Bonvallet), fils d’un tailleur d’habits installé dans ce village. Jacques-Alexandre est baptisé le 28 août. Il exercera jusqu’à son mariage en 1747 la même profession que son père.
1729. — Première dérogation à l’interdiction touchant les étoffes imprimées, accordée au fabricant Le Marcis à Bolbec (Normandie).
1743. — Autre dérogation pour la production d’indiennes dans la ville de Montpellier (Hérault).
1746. — Première implantation de fabriques d’indiennes dans la ville de Mulhouse, qui est alors une cité indépendante.
1747. — Mariage avec Angélique Suleau, âgée de vingt-cinq ans et fille de notables du petit bourg de Grandvilliers (Oise).
1748. — Jean-Baptiste Escouvette, installé dans la ville de Beauvais, obtient une dérogation lui autorisant la production d’indiennes.
1752. — Bonvalet établit à Grandvilliers une petite manufacture pour teindre et imprimer des étoffes de serge sur des motifs floraux. Il s’assure la permission de Daniel-Charles Trudaine, intendant des finances et directeur du commerce de la commune. La manufacture traite des serges dites d’Aumale. Mais une mesure de police interdit bientôt son activité par crainte des incendies, et il est contraint de détruire ses installations.
1753. — Alexandre Bonvalet projette de s’installer à Taussacq et acquiert un terrain dans la commune voisine d’Équennes. Plusieurs difficultés le contraignent à déposer son bilan dès le 28 décembre de la même année.
1755. — En s’associant à de grands négociants d’Amiens, Bonvalet travaille à réinstaller sa manufacture d’étoffes fleuries dans la ville de la Somme. Un traité d’atermoiement est signé en mai avec ses créanciers pour repousser le paiement de ses dettes. Fin juin, les obstacles soulevés par son concurrent à Beauvais, Jean-Baptiste Escouvette, sont suspendus par mainlevée.
1756. — Installation de la manufacture d’Amiens, durant l’hiver 1755-1756, dans le village de Saint-Maurice, sur la rive gauche de la Somme.
1757. — En avril, l’interdiction d’imprimer des tissus de laine est officiellement levée.
1759. — L’impression des tissus de soie (janvier), puis de lin ou de coton (septembre) est de nouveau autorisée dans l’ensemble du royaume de France.
1773. — Mariage du fils d’Alexandre Bonvalet, Auguste Bonvalet, avec Marie Bourdon, fille d’un maître des postes de la paroisse de Foucaucourt. Auguste Bonvalet devient propriétaire de la manufacture de son père, qui se concentre alors sur l’amélioration de son procédé.
1776. — Alexandre Bonvalet met au point une nouvelle presse pour imprimer les étoffes. Elle est composée de deux cylindres dont l’inférieur porte une plaque de cuivre imprimée en taille douce. Ce procédé nouveau permet l’impression de motifs en continu.
1779. — L’industriel et inventeur reçoit une pension annuelle de 300 livres, récompense proposée par l’ancien inspecteur des Manufactures de Picardie Roland de la Platière pour les services rendus à l’industrie amiénoise. Le nouveau procédé est rapidement adopté et amélioré par d’autres manufacturiers de la ville, comme Pierre Flesselles.
1780. — Roland de la Platière décrit le procédé inventé par Bonvalet dans un article de l’Encyclopédie méthodique de Panckoucke.
1788. — La manufacture fondée par Bonvalet obtient, par décret, le titre de Manufacture royale d’étoffes fleuries.
1795. — Alexandre Bonvalet meurt à Saint-Maurice-les-Amiens, le 20 février, à l’âge de 78 ans.
Sambuc éditeur
Charles Engrand, Les difficultés financières et judiciaires d’un manufacturier amiénois novateur au xviiie siècle (cairn.info)
René Rouault de la Vigne , Nobles et anoblis dans l’industrie textile en Haute-Normandie (persee.fr)
Serge Chassagne, Indiennes et indienneurs à Rouen (persee.fr)
P. Dardel, Une famille de manufacturiers en Haute-Normandie : les Pouchet (persee.fr)
Archives de l’entreprise Bonvallet. Usine de teinture et apprêts de velours de coton, Archives départementales de la Somme, Sous-série 75J (somme.fr)
Étoffes imprimées au xviiie siècle (Musée de l’Impression sur étoffes de Mulhouse)
Yves Benoît, veloutier (maitredart.fr)
Entités nommées fréquentes : Bonvalet, Beauvais, Amiens, France, Alexandre Bonvalet, Somme.
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Le corse (corsu) est une langue minoritaire. Elle est parlée en Corse.
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