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Arts | Le 22 août 2021, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : six minutes.


« L'Estampe et le dessin »

Gravure à la manière noire

Histoire et technique

Dans l’univers de l’estampe, la manière noire est une technique de gravure en taille-douce très particulière. L’exécuteur de la gravure commence à travailler sur un fond préalablement travaillé par un outil formé de petites pointes, le berceau, afin d’obtenir un noir satiné ; le dessin s’obtient alors en créant sur ce fond sombre les zones lumineuses, donnant lieu à un riche jeu de lumière et d’ombres.

© Sambuc éditeur, 2025

La manière noire, dite aussi « manière anglaise », ou mezzotinto en italien, est une technique de gravure en taille-douce employée principalement entre la fin du xviie siècle et la deuxième moitié du xviiie siècle. Comme toutes les techniques de taille-douce, la mezzo-teinte utilise une plaque métallique polie (souvent de cuivre) dont les creux recevront l’encre destinée à l’impression ; mais le travail de la plaque se fait pour ainsi dire « à rebours ».

Les techniques classiques de gravure en taille-douce dessinent les traits de la composition en creusant le métal à l’aide d’une lame (burin), d’une pointe (pointe sèche) ou de la morsure d’un acide (eau-forte et techniques dérivées). Dans la manière noire, au contraire, le dessin de l’artiste évolue de l’obscurité vers la lumière, en raplatissant et en lissant plus ou moins une matrice préparée sur toute sa surface par des creux et des aspérités (appelées barbes), et qui ne sont laissées intactes que dans les parties les plus obscures. La manière noire se distingue également d’autres techniques utilisées pour obtenir des demi-teintes et des niveaux de gris, notamment par l’usage d’une résine en poudre et d’une morsure à l’eau-forte (aquatinte).

La préparation au berceau

La préparation de la plaque de cuivre est réalisée à l’aide d’un outil appelé le berceau : il ressemble à un petit ciseau de charpentier, dont la lame, courte, est large de deux ou trois centimètres ; son tranchant est formé de dents minuscules qui peuvent être plus ou moins grossières, de façon à produire différentes finesses de textures. L’artisan fait basculer le bord incurvé de l’outil d’un côté à l’autre sur la plaque de cuivre, faisant avancer l’outil, de façon à constituer sur toute sa surface une texture entaillée et soulevée de barbes, qui retient l’encre lors de l’impression. Lorsque la plaque de cuivre a été éraflée de la sorte sur toute sa surface (ce qui donne au métal un aspect pelucheux), le fond est dit plein, et correspond à un noir velouté.

Le graveur travaille alors en créant les zones claires sur ce fond : les parties les plus sombres du dessin sont laissées intactes ; les demi-tons (plis de draperie, ombres) et les blancs sont produits par un grattage et un brunissage.

Le grattoir est un instrument en acier à deux tranchants ressemblant à un glaive miniature. Il sert à ôter les barbes formées par le cuivre lors de la préparation de la plaque, ce qui produit une demi-teinte. Le brunissoir permet de lisser à nouveau la plaque, afin de supprimer complètement les aspérités, et obtenir des blancs.

Lors de l’impression d’une mezzotinto, une encre épaisse est appliquée sur chaque partie de la surface, et les superflus sont essuyés, laissant autant d’encre que possible dans les zones sombres formées des barbes. Certaines parties voulues claires peuvent retenir de l’encre ; et à l’inverse, l’essuyage peut ôter de l’encre dans les parties les plus sombres. La difficulté de former des contrastes en gravant les interfaces entre les parties sombres et claires a conduit à l’utilisation de méthodes dites mixtes, où les détails sont affinés par des pointillés ou des traits à la pointe sèche ou au burin.


Raphaël Deuff


À découvrir…

Les différentes techniques en taille-douce.

La technique à l’eau-forte.

Les artistes de la gravure à la manière noire et les œuvres en mezzotinto (prochainement).

Aciérage par électrolyse : la renaissance des manières noires à la fin du xixe siècle (prochainement).


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