Revue littéraire L’Eau-forte no14
Volcaniques
Montagnes et bouches en feu

Dossier : les volcans, de l’antiquité au xɪxᵉ siècle. Traduction inédite d’un extrait de La Salade d’Antoine de La Sale (xvᵉ siècle). Reproductions de gravures anciennes. Dessin de Christian Corre.
. Ouvrage collectif. Revue littéraire L’Eau-forte.
64 pages, 137×210 mm.
mars 2025 | 9782491181741
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De l’Antiquité greco-romaine aux Romantiques, la poésie et la littérature ont largement puisé leur inspiration dans les métaphores telluriques ou géologiques. Attaché aux images qui mélangent les genres, la revue L’Eau-forte se prête au jeu du thème du Printemps des poètes 2025, « Volcanique », pour faire dialoguer les mentalités de différentes époques à travers la littérature.
Au fil des siècles, la poésie et la littérature ont largement puisé leur inspiration dans les métaphores telluriques ou géologiques. Quand l’Antiquité comparait la Terre à un gigantesque corps, avec sa physiologie propre déclenchant vents, crues ou éruptions, les écrivains romantiques ont fait du corps et de l’esprit de l’écrivain une force éruptive offrant de mêmes débordements et de mêmes effusions.
Attachée aux images qui mélangent les genres, la revue L’Eau-forte se prête au jeu du thème du Printemps des poètes 2025, « Volcanique », pour faire dialoguer les mentalités de différentes époques à travers la littérature.
« Activité strombolienne » de l’écriture
« Âme de feu » (Germaine de Staël) et figures enflammées : le héros comme le poète, depuis Empédocle, sont proches des volcans. Aimant l’emphase et l’ampleur qu’elle donne au verbe, les Romantiques, par un renversement de la métaphore géologique qui faisait au temps des Grecs de la Terre un vaste corps, prêtent à l’écrivain inspiré un caractère de cratère crachant du feu. Leconte de Lisle, natif de l’île volcanique de La Réunion, comparait ainsi Victor Hugo à un volcan sur lequel « les scories (...) se mêlent à (la) lave ».
L’écrivaine Belinda Cannone offrira dans un texte inédit une évocation « de la foudre, du risque, de l’inquiétude attachés au travail d’écriture ».
On ne peut pas vivre dans la bouche du volcan en permanence, on doit circonscrire sa lave, l’empêcher de déborder sur toute l’existence, tout en le laissant actif – brûlant et dangereux – pour qu’il déverse sa matière psychique dans les pages.
Belinda Cannone
Une autre contemporaine, la poétesse A. Lysée, propose trois poèmes en vers libres.
Plus intime, un chapitre des Dialogues de bêtes de la grande écrivaine Colette retranscrit les douceurs de ce petit volcan d’intérieur, le feu de cheminée.
Les volcans dans l’antiquité et au moyen âge
L’érudit Pline l’Ancien, un des premiers encyclopédistes d’Europe, meurt en assistant – d’un peu trop près – à la tragique éruption du Vésuve qui engloutira la ville de Pompéi et dévastera Herculanum, Oplontis et Stabies. Le récit de cette mort nous est connu par son fils adoptif, Pline le Jeune, qui décrit dans deux lettres à son ami Tacite la mort de son oncle et sa propre vision de l’événement. Avant de disparaître dans cet événement inattendu qui bouleverse l’Italie romaine, l’encyclopédiste avait décrit les feux de l’Etna.
Au moyen âge, des écrivains voyagent en Méditerranée et assistent aux éruptions d’îles volcaniques. Le Provençal Antoine de La Sale (ca 1386-ca 1462) découvre à l’imaginaire des lecteurs la « bouche de l’enfer » des îles Lipari, un archipel de volcans au nord de la Sicile.
Quelques décennies plus tôt, l’archevêque italien Jacques de Voragine faisait le récit de la légende de Sainte Agathe de Sicile, aujourd’hui invoquée contre les tremblements de terre, les éruptions volcaniques et les incendies.
En clôture de ce dossier, l’écrivain Antoine Ginésy offrira un récit autour de la figure d’Empédocle.