Karine Josse
Pasolini ou la tentation de la sainteté
Essai

Essai sur la vie et l’œuvre de Pier Paolo Pasolini. Préface de Dacia Maraini. Frontispice de Didier Paquignon. Coll. « Sambuc ».
250 pages, 126×190 mm.
octobre 2025 | 9782491181758
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Imprégnant son travail de poète et de cinéaste d’une réflexion très large et nourrie de nombreuses disciplines, Pier Paolo Pasolini (1922-1975) est l’auteur d’une œuvre cinématographique protéiforme, allant de la réinterprétation des grands mythes européens à la réflexion politique. Un thème, singulièrement, se dégage de sa vie et de ses films : celui de la sainteté, objet d’une « quête » de la part du cinéaste, poursuivie « avec les armes de la poésie ».
Le mois de novembre 2025 célébrera le cinquantième anniversaire de la mort de Pier Paolo Pasolini (1922-1975). À l’occasion de cette date symbolique, les éditions Sambuc publieront un essai de Karine Josse sur la vie et l’œuvre du grand cinéaste et intellectuel italien.
Né en 1922, très tôt porté vers la poésie (Poèmes à Casarsa, 1942), Pier Paolo Pasolini aborde le cinéma au tournant des années 1950-1960, avec une première « trilogie romaine » (Accattone, Mama Roma, La Ricotta) évoquant les Borgate de la banlieue populaire de Rome. Imprégnant son cinéma d’une réflexion très large, nourrie de nombreuses disciplines, il bâtit une œuvre cinématographique mêlant la réflexion politique (La Rabbia ; Salò, ou les 120 journées de Sodome) à la réinterprétation de grands mythes (Médée, Œdipe roi, Carnet de notes pour une Orestie africaine), ou abordant le domaine religieux (L’Évangile selon Saint Matthieu).
Presque indissociable de son œuvre filmée ou écrite, la vie de Pasolini est parcourue d’une véritable « quête de la sainteté », dont le thème est chez lui omniprésent. Dans le même temps, son activité de cinéaste et d’écrivain offre une sorte de laboratoire aux notions de sainteté et de sacré, particulièrement dans certains films à la limite de l’hermétisme (Théorème, 1968).
Enquête et exégèse de la vie et de l’œuvre de Pasolini, l’essai de Karine Josse puise aussi aux grands textes de Sartre et de David Halperin qui approchaient une vie et une œuvre sous l’angle d’une « sainteté laïque ». Pour ouvrir, après ceux de Jean Genet (Saint Genet, comédien et martyr, 1952) et de Michel Foucault (Saint Foucault: Towards a Gay Hagiography, 1995), le « procès en canonisation » de Pasolini.
Partant cueillir, sur les pas du cinéaste et poète, les indices d’une œuvre qui puise à de nombreuses disciplines – histoire des mythes et des religions, anthropologie, psychanalyse, philologie – l’ouvrage de Karine Josse s’offre enfin comme un portrait en hommage à cette immense figure d’intellectuel et d’artiste.
Dans cette œuvre riche et multiforme, complexe et fortement autobiographique, l’essai fait la part belle au travail de cinéaste, revenant sur une filmographie à l’antipode des conventions hollywoodiennes, réinterprétant avec audace de grands mythes ou des textes religieux, tantôt célébrant la sensualité et l’imaginaire, comme dans sa « trilogie de la vie » (Le Décaméron, 1971 ; Les Contes de Canterbury, 1972 ; Les Mille et Une Nuits, 1974), tantôt s’attaquant avec virulence à des questions politiques (La Rabbia, 1963 ; Salò, ou les Cent Vingt Journées de Sodome, 1975). Les courts-métrages et documentaires (La Terre vue de la lune, 1966 ; Que sont les nuages ?, 1967 ; Notes pour un film sur l’Inde, 1967-1968 ; etc.), souvent moins connus du grand public, seront l’objet dans l’essai d’une attention particulière.