Politique et institutions | Le 8 septembre 2025, par André Roussainville. Temps de lecture : six minutes.
littérature & sciences humaines
Politique et institutions | Le 8 septembre 2025, par André Roussainville. Temps de lecture : six minutes.
Recherche scientifique et investissement public
Le président du Centre national de la recherche scientifique Antoine Petit a appelé, vendredi 5 septembre, à un investissement public accru dans la science française, soulignant que les dépenses de recherche et développement stagnent depuis trente ans. Il s’appuie sur une étude d’impact du chantier scientifique de Notre-Dame pour illustrer les retombées sociétales, économiques et culturelles de la recherche. Cette première étude du CNRS documente les effets multiples des recherches menées lors de la reconstruction de la cathédrale, démontrant l’importance stratégique de l’investissement scientifique pour l’avenir du pays.
Antoine Petit, président du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a lancé ce 5 septembre 2025, à l’occasion d’un colloque, un appel pressant aux pouvoirs publics pour qu’ils investissent davantage dans la recherche française. Cette prise de position intervient dans un contexte où la dette publique concentre l’attention politique et budgétaire.
Pour étayer sa demande, le dirigeant s’est appuyé sur la remise d’une étude d’impact sociétal du chantier scientifique mené lors de la reconstruction de Notre-Dame de Paris. « La science est partout y compris sur des sujets où on ne l’attend pas vraiment », a-t-il commenté à cette occasion.
Cette étude constitue une première pour le CNRS. Elle documente l’ensemble des effets engendrés par les recherches menées sur le chantier de la cathédrale, avec l’objectif affiché de permettre aux décisionnaires de mieux comprendre le retour sur investissement possible dans les sciences. « On espère que ces outils vont nous permettre, au fond, d’orienter les politiques publiques, de convaincre plus que jamais qu’il faut investir dans la science », a développé Antoine Petit.
Le président du CNRS a dressé un constat préoccupant de la situation française en matière de recherche et développement. « On est le seul pays scientifique dont la dépense intérieure de recherche et développement est stable depuis 30 ans. Nous sommes à 2,2 % du PIB, comme en 1986. À l’époque, la moyenne de l’OCDE était à 2,1 %, et s’établit aujourd’hui à 2,7. En Chine, c’était 0,6, ils sont à 2,4 », a-t-il énuméré, illustrant le décrochage français par rapport à ses partenaires internationaux.
L’étude sur Notre-Dame révèle des impacts sociétaux multiples qui démontrent la transversalité de la recherche. Sur le plan sanitaire, elle a conduit à l’élaboration d’un plan d’action contre la pollution au plomb. L’aspect culturel n’est pas en reste avec la mise en évidence du mélange entre savoir-faire ancestraux et innovations technologiques. L’impact social se traduit par une nouvelle attractivité des métiers de la restauration de patrimoine.
Les retombées économiques potentielles sont également significatives. Le rapport évoque notamment l’espoir d’un marché pour le bois vert. La restauration du monument a en effet remis en lumière les techniques de charpente utilisant du bois vert, c’est-à-dire fraîchement coupé, techniques qui avaient quasiment disparu au cours du 20e siècle.
Catherine Dargemont, autrice du rapport, a souligné l’antériorité des recherches : « Notre travail de recherche a commencé bien avant l’incendie du 15 avril 2019, et c’est ce qui a permis d’accompagner le chantier immédiatement. » Cette préparation en amont illustre l’importance d’un investissement continu dans la recherche.
Le chantier scientifique de Notre-Dame a également permis de structurer les sciences du patrimoine à travers la création du réseau MAESTRO. Ce réseau vise à appliquer à d’autres chantiers de restauration de grands monuments l’approche collaborative et interdisciplinaire qui a fait ses preuves sur Notre-Dame. « Sans science, on n’aura pas de futur radieux. Il faut qu’on sache faire passer ce message », a conclu Antoine Petit.
Organisé dans les murs du Centre national de la recherche scientifique, rue Michel Ange dans le XVIe arrondissement, le colloque de ce vendredi 5 septembre, orchestré par le président-directeur général du CNRS Antoine Petit et la directrice de recherches Catherine Dargemont, rassemblait entre autres l’historien de l’art Pascal Liévaux, le conservateur en chef du patrimoine Jonathan Truillet, et différents acteurs du monde institutionnel et de la recherche.
André Roussainville
Ressource : Impact sociétal de la recherche, un nouveau chantier pour le CNRS (cnrs.fr)
Ressource : Restitution de la première étude d’impact sociétal menée par le CNRS : le chantier scientifique de Notre-Dame (admin.eventdrive.com)
Ressource : Étude d’impact sociétal Notre-Dame [PDF] (cnrs.fr)
CNRS, recherche scientifique, Notre-Dame de Paris, patrimoine, investissement public, sciences du patrimoine, MAESTRO, recherche et développement
Entités nommées fréquentes : CNRS, Notre-Dame, Antoine Petit, Centre.
Nature et biologie | Le 1er septembre 2025, par Sambuc éditeur.
Rechercher un article dans l’encyclopédie...