Actualités culturelles | Le 27 mai 2025, par Sambuc éditeur. Temps de lecture : sept minutes.
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Actualités culturelles | Le 27 mai 2025, par Sambuc éditeur. Temps de lecture : sept minutes.
Inauguration d’un musée d’art dédié à la migration
Le nouveau musée Fenix de Rotterdam aux Pays-Bas, inauguré il y a un peu plus d’une semaine, consacrera ses parcours artistiques au thème de la migration. Installé dans un ancien entrepôt transformé par la fondation Droom en Daad, il propose une approche culturelle des mouvements de populations à travers plus de cent œuvres d’artistes internationaux.
Entrant dans le bâtiment du Fenix Museum de Rotterdam, inauguré le 15 mai 2025 par la reine Máxima, les visiteurs découvrent une œuvre spectaculaire qui donne le ton du parcours : la Tornade, escalier à double hélice suspendu au cœur du bâtiment, et qui se prolonge jusqu’à percer la toiture. Conçue par l’architecte chinois Ma Yansong du cabinet MAD Architects, cette structure en acier inoxydable et bois s’élève vers une plateforme d’observation, qui offre une vue panoramique sur la ville de Rotterdam.
« Ce que nous espérons, c’est que cette ascension élargisse aussi votre regard sur la migration », explique Anne Kremers, directrice du musée. Les deux entrées de la Tornade mènent à des trajectoires qui se croisent, métaphore des parcours migratoires qui façonnent l’identité de cette ville portuaire comptant plus de 170 nationalités parmi ses 670 000 habitants.
Rotterdam présente en effet une histoire migratoire particulièrement riche. Point de départ pour des millions de Néerlandais vers les États-Unis ou le Canada à l’époque coloniale et après la Seconde Guerre mondiale, la ville fut également un lieu d’arrivée pour des populations venues du Cap-Vert, de Chine et de nombreuses autres régions du monde. Cette double dimension migratoire constitue le fil conducteur du parcours muséal.
L’exposition principale « All Directions » réunit des œuvres de plus de cent artistes autour du thème de la migration. Une exposition photographique, « The Family of Migrants », présente quelque 200 images d’archives et de journaux internationaux retraçant les mouvements de populations à travers le monde. Un labyrinthe composé de 2000 valises complète le parcours, chacune accompagnée d’un récit audio relatant l’histoire de son propriétaire.
Parmi les créations exposées, l’installation « The Bus » (1995) de Red Grooms, réalisée en tissu, invite à un voyage imaginaire, tandis que l’œuvre de Shilpa Gupta met en scène un portail métallique heurtant un mur. Le musée abrite également le Plein, un atrium de 2000 mètres carrés ouvert à tous, dont la programmation est confiée aux habitants de Rotterdam et aux associations locales.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie de réinvention artistique menée par la fondation Droom en Daad, dirigée par Wim Pijbes, qui a acquis l’ancien entrepôt en 2018. « Rotterdam représentait la modernité, tandis qu’Amsterdam incarnait l’histoire », rappelle-t-il, évoquant l’énergie de la ville des années 1920, première cité européenne à accueillir le jazz grâce aux paquebots reliant New York au continent.
Cette dynamique culturelle bénéficie d’une tradition néerlandaise consistant à allouer systématiquement un budget artistique à tout projet de construction publique. Combinée à la nécessité de reconstruire Rotterdam après les bombardements de mai 1940, cette approche a favorisé une collaboration étroite entre artistes et architectes. « Nous avons beaucoup d’espace à Rotterdam », souligne Marjolijn van der Meijden, cheffe de projet senior pour l’art dans l’espace public au Centre des arts visuels de Rotterdam.
Les musées participent activement à cette transformation urbaine. Marianne Splint, directrice de la Kunsthal Rotterdam, observe que les commandes récentes confiées à des architectes de renom contribuent à façonner l’identité de la ville, des lieux pensés pour soutenir la scène artistique locale et encourager les programmations communautaires.
Dans un contexte politique néerlandais marqué par un gouvernement de droite aux composantes populistes, ces institutions culturelles offrent des espaces ouverts à la diversité des récits. « Ce n’est pas une prise de position politique, mais nous sommes ouverts. Notre ambition est d’enrichir le regard porté sur la migration », précise Anne Kremers.
Cette approche trouve un écho particulier dans le travail de l’artiste rotterdamoise Efrat Zehavi, qui a arpenté les rues de la ville pour créer une série de portraits en pâte à modeler de ses habitants. « Si vous demandez à quelqu’un où il va, il vous répond d’abord d’où il vient », observe la directrice du musée. « La pâte à modeler des enfants ne durcit jamais : elle reste souple, comme une identité. »
Sambuc éditeur
Adresse : Paul Nijghkade 5, 3072 AT Rotterdam, Pays-Bas
Téléphone : +31 10 313 4760
Portail en ligne : www.fenix.nl
Ressource : MAD Architects (i-mad.com)
Ressource : Anne Kremers à la tête du Fenix Museum (lequotidiendelart.com)
Ressource : All Directions. Art That Moves You (fenix.nl)
Ressource : Droom en Daad Foundation (droomendaad.nl)
Ressource : Kunsthal Rotterdam (kunsthal.nl)
Rotterdam, migration, art contemporain, musée, architecture, Pays-Bas, histoire urbaine, diversité culturelle.
Entités nommées fréquentes : Rotterdam, Anne Kremers, Droom, Pays-Bas.
Actualités culturelles | Le 27 mai 2025, par Sambuc éditeur.
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